Un chemin parcouru Par hasard Un mot prononcé Distraitement Un geste Maladroit Une promenade Solitaire Une caresse Timide Un sourire Sincère Des mains Baladeuses Un envol Raté Des jambes Musclées Une vie Inachevée.
Depuis quand Sommes nous devenus Des ombres De ces deux êtres Qui s’aimaient Tendrement Un homme Une femme Libres et épanouis Je me souviens encore De ton doux baiser Qui m’aidait à traverser la nuit Tu t’es déshabillé de cette musique Qui te rendait énigmatique Et te laissait croire Que les douleurs étaient Commandeés par l’esprit Et jamais par le corps Le passé habitait le présent En permanence Se perdre dans la fôret Était un jeu d’enfants Un jour, j’ai compris Que tu étais juste le prince De ce royaume éphémere Que je croyais éternel Et la valse incessante Devient une puissance fragile Qui se casse en mille morceaux Et les coller et au dessous de mes forces.
Le petit garçon est dubitatif, il réfléchit Il est pris au piège de sa rêverie Après quelques instants, il demande: C’est quoi la vie? La vie… c’est dormir, manger, boire, grandir C’est tout?! Je suis deçu Non, c’est aussi rire, pleurer, souffrir, aimer Et c’est douloureux? Parfois, mais ça en vaut la peine Allons-y! Où? Vivre!
Je parle, tous les jours cinq langues. Au travail, avec mes amis et aussi ma famille. J’ai cinq accents. Je prends des décisions en anglais, je rale en français, je chante en espagnol, je me fâche en portugais et je rêve en italien. Parfois, ces langues dansent dans ma tête et alors mon cerveau décide d’injurier en espagnol, d’écrire en anglais ou de divaguer en français.
J’ai remarqué que j’ai surtout cinq personnalités! En anglais je suis pragmatique. Ready? Let’s go! En espagnol je suis décomplexée et naturelle. ¡Al mal tiempo buena cara! En portugais je suis nostalgique. Ai, as saudades! En italien je suis rêveuse et optimiste. Farfalle e colori. Et en français… je suis coincée! Bonjour madame. Je vous en prie. Merci beaucoup. Bonne journée.
« Pourquoi faire simple quand on peut compliquer? » Telle est la devise française. Trop de sous entendus, trop de paperasse à remplir, trop de mots à double sens, trop d’adjectifs, trop de verbes irréguliers, trop de subtilités, trop de portes à frapper et très peu de réponses. Et pourtant, cette langue je l’aime! Presque aussi que la mienne et plus que toutes les autres.
Photo : Filipa Moreira da Cruz
Le français me fait rire, pleurer, aimer, rêver, avancer. Le français nourrit mon âme et il habite sous ma peau. Il me murmure de douces mélodies à l’oreille. Il me berce quand je m’endors et il m’embrasse tendrement dès mon réveil. Parfois, on se fâche. En voilà quelques exemples : quand je fais des fautes, quand je ne comprend pas les blagues, quand je n’arrive pas à m’exprimer comme j’aurais voulu. Heureusement, ces moments ne me découragent pas. Après tout, il faut se lancer!
Et croyez-moi, je me lance sans peur du ridicule. Pire, je ris de mes propres betises. Pendant des années je disais « qui aime bien chatouille bien ». Jusqu’au jour (miracle!) où un être bienveillant m’a rappelée à l’ordre. Il était temps! Néanmoins, je continue à préférer chatouiller, car la châtiment ne me vas pas.
Et à tous ceux qui me disent « vous avez un accent! » je réponds « j’en ai cinq et c’est ça qui fait ma force ». Et pour mettre un peu de couleur (il en faut dans ce monde parfois gris) je peux mélanger toutes les langues dans la même phrase faute de mieux. Comment traduire « saudade »? Quelle est la meilleure expression pour « ti voglio bene »? Et comment dire « straightforward » ou « chapuza » tout simplement?
La langue française est encore plus capricieuse ou peut-être c’est moi la feignante. Par conséquence, « ras-le-bol », « pied-à-terre » ou « dépaysment » restent inchangés, car je suis incapapable de trouver leurs synonymes dans une autre langue. Des cousins oui, mais pas de frères jumeaux. Figurez-vous que cela m’arrange bien. Como cantaba Jarabe de Palo « en lo puro no hay futuro, la pureza está en la mezcla ». Tú si que sabías Pau.
J’ai jeté un coup d’oeil Je n’osais pas le déranger Après le coup de téléphone Je l’ai posé la question Sa réponse a eu l’effet d’un coup de poing Autant vous dire Que j’aurais préféré me guérir d’un coup de soleil Juste ma peau serait abîmée Il était si loin le coup de foudre L’ amour dure trois jours Tout d’un coup Il change d’avis Et il part d’un coup de vent J’essaie de le persuader Cela ne coûte rien de tenter le coup Hélas… Il est impulsif et agit souvent sur un coup de tête Son comportement m’agace D’un seul coup, je me rends compte Que sa patisserie est restée sur la table Alors, pour éviter le coup de barre Je la mange, sans aucun regret.
Quand je marche je regarde en haut. Je me rechauffe sous le soleil, je bois le bleu du ciel, je joue au cache-cache avec les nuages. La première fois que je suis allée à New York cela m’a couté un bon torticolis. Et n’en parlons pas du caca des chiens souvent collé à la semelle de mes chaussures. Il paraît que cela porte du bonheur… En tout cas pour moi, c’est inévitable! Et le manque d’odorat ne me permet même pas de m’en rendre compte. Je me promène heureuse sans savoir que ca cadeau mou et pestilent m’accompagne partout. La vie est bien faite!
Je suis distraite et maladroite par nature. Pierre Richard en version féminine. Souvent, les gens pensent que je fais exprès. S’ils savaient que ne reconnais personne dans la rue. Je vois mal, je perds l »équilibre, je n’ai aucun sens d’orientation. Mes pieds en souffrent : deux fois cassés et des entorses à répétition.
C’est peut-être pour tout cela que j’aime les villes géometriques avec de grandes artères, des avenues parallèles et des rues perpendiculaires. On dirait presque que tout a était déssiné avec une règle et une équerre, rien que pour moi!
Je m’y retrouve à Barcelona, à Dublin, à New York, à Londres, à Paris. En revanche, je me perds dans mon propre pays! Au Portugal ils ont voulu être origineaux et n’ont suivi aucune logique. C’est charmant, mais pas du tout fonctionnel.
Ah Paris! La ville où je me sens chez moi! Pas d’artifices ni de pièges. Même quand je pense m’être égarée voilà que je retrouve mon chamin. Tout m’est familier. Et puis, j’ai mes repères bien à moi. Une porte, la street art, une fenêtre, l’enseigne d’un magasin… J’aime me perdre en sachant que je ne suis pas loin de la destination. J’emprunte des passages, des tunnels, des petits chemins. Je traverse des ponts et j’embrasse les deux rives. Pas de jalousie mesdames.
Je marche, je cours (pas trop, sinon je me casse la figure!), je danse, je scrute, je me balade. Et je regarde en haut. Toujours.