Ma force devient une faiblesse Ma grandeur frôle l’imperfection Ma fierté se transforme en éffroi Ma résilience n’est qu’une illusion J’échange les jours par les nuits Je préfère le silence au mots mal placés Je m’acccroche à la vie Même si la mort me chasse Et mes pensées changent de couleur Une angoisse hybride traverse mon esprit tourmenté La peur masque le courage Mais je retrouve ma sérénité.
Une main qui me salue Un sourire qui te trahit Un geste qui vient de loin Et ton regard étourdi J’arrive Et voilà, tu t’en vas Je suis consommé par la déception Tandis que tu affiches ton mépris Deux vies. Deux destins Faire semblant Un jeu d’enfants Jusqu’à quand? Personne ne sait Notre amour s’est envolé On se dispute, on se déchire À tour de bras, à tour de cœur Je pense à toi Et tu penses à ton orgueil et à ton honneur Nous sommes perdus, paumés Notre couple est un mirage Nous vivons des apparences Pour faire plaisir aux autres Le temps nous échappe Je rêve de l’impossible D’une dernière nuit paisible En ta compagnie Je me retourne Tu es déjà partie.
Théo a 8 ans, mais il est bien plus mature que certains enfants de son âge. Il ne croit pas au père Noël ni aux contes de fées. D’ailleurs, très tôt, il a su que tout cela a été inventé par des adultes qui refusaient de grandir. Bien-sûr, il n’ose pas partager ces arguments avec personne, surtout avec Violette, sa meilleure amie. Contrairement à lui, elle s’accroche à ses rêves de petite fille pour s’échapper de la réalité. Et quand les cris de sa mère sont insupportables et son père devient aussi violent qu’un gros ours incarcéré dans une immense cage elle traverse la rue en courant pour se fondre en larmes dans les bras de mamie Muriel, chez son meilleur ami. À cet instant, elle comprend que ses gâteaux faits maison sont capables de guérir presque tous les bobos.
Théo aime Violette, comme une sœur. Souvent ils ne font qu’un. Mais quand il n’a pas envie d’écouter ses théories sur le monde il se refugie dans sa chambre, en la laissant dans le petit salon avec sa grand-mère. Elle aussi est faite en acier, mais a un cœur en coton. Il est persuadé que c’est mamie Muriel qui a appris à sa maman tous ces trucs pour devenir invincible. Il l’a voit bien, plus jeune, en train de courir derrière les méchants pour sauver le monde. Il n’a jamais connu son père. D’après les deux générations de femmes qui habitent chez lui c’est mieux comme ça. Néanmoins, il aime imaginer que son progéniteur est un espion qui ne pourra jamais révéler son identité pour protéger sa famille.
Il faut dire que Théo est persuadé que certains adultes ont des super pouvoirs. Pas comme les personnages Pokémon ou Fantômas. (Mamie Muriel l’a fait découvrir tous les films de Louis de Funès). Ce sont des gens normaux, mais dès que la nuit tombe, ils se transforment. Et sa mère en fait partie! Elle quitte la maison quand il dort et rentre à l’aube, tous les jours. Il est certain, même si elle ne l’avouera jamais pour ne pas mettre en danger ceux qu’elle aime, Marina Le Roy est un agent secret.
Photo : KaDDD
Marina n’a que 28 ans, mais elle se sent déjà vieille, hors de son temps. Petite elle était belle, avec sa cascade de boucles dorées qui tombaient jusqu’aux épaules, ses grands yeux couleur miel et son nez espiègle. Bonne élève, elle était aussi douée pour le dessin et adorait écrire des histoires. Contrairement à ses camarades de classe, elle aimait l’école. C’était à la maison qu’elle avait peur d’y rester. Elle ne s’est jamais sentie en sécurité dans le petit HLM de cette ville en banlieue sale et peuplée d’individus agressifs et sans pitié. Chaque matin, elle était la première à arriver et la dernière à partir. Sa maîtresse en était fière sans jamais se poser des questions. À croire qu’elle aurait préféré vivre à l’école.
Quand elle a appris qu’elle était enceinte elle a tout de suite su ce qu’il fallait faire: impossible d’avoir un bébé. Elle était trop jeune et venait de décrocher un petit boulot dans une boulangerie. Pendant quelques semaines elle a caché cette grossesse qui la dérangeait. Mais, quand le temps est venu, elle n’a pas pu! Elle n’osait pas tuer cette petite chose qui grandissait dans son ventre. Théo est arrivé un 7 mai ensoleillé pour basculer son monde, changer son code de conduite, remplir ce grand vide, réclamant de l’affection qu’elle craignait être incapable de lui donner.
Contre toutes ses atteintes, elle se montre dévouée à ce petit bébé si fragile et, au même temps, plein d’énergie et de force. Elle a du quitter son petit appartement à deux pas du Sacré Cœur. Pas question de vivre en colocation avec un enfant! Et la voilà, de retour dans cette ville qu’elle déteste. Là, où on n’est plus à Paris, mais pas encore dans un autre endroit paisible. À mi-chemin entre ce qu’il aurait pu être et ce qu’il ne sera jamais existe un espace rempli d’immeubles laids avec des gens qui ont désisté de la vie.
Marina avait l’espoir que son quartier d’enfance aurait un peu changé. Au long du trajet, dans le métro, elle imaginait des parcs, un petit lac, des maisons de différentes couleurs. Elle y croyait, car elle en avait besoin. Sa mère ne s’est pas montrée très tendre et le reprochait d’avoir gâché sa vie. Elle se revoit dans sa fille quand elle aussi a du quitter la campagne pour ne pas être mise à l’écart. Un enfant à 18 ans avec le fils de monsieur le Maire. Elle n’a pas honte cette pauvre gamine!
Théo a réussi à les rapprocher. Ce petit garçon a même était capable de guérir les plaies ouvertes depuis longtemps. Un miracle de la vie!
Et quand Marina se sent perdue elle demande à sa mère :
– Et maintenant, ont fait quoi?
– On continue à vivre comme depuis 8 ans – lui répond Muriel avec un discret sourire, car elle sait qu’il ne faut pas trop abuser du bonheur.
Je rate le train exprès Je perds pied Je garde l’espoir… qui sait? D’un jour te revoir J’erre, je n’existe plus Je suis devenue somnambule L’insomnie Est ma seule compagnie Le reste du monde s’en gouffre Tandis que je souffre De ton absence De la tendresse de tes gestes Et ta subtile maladresse Jusqu’à quand? Une seconde, un lourd instant Aujourd’hui c’est déjà hier Une sensation meurtrière Et demain s’annonce Si loin et incertain.
Il ne rentre pas dans le moule Il s’éloigne de la foule Il ne remplit aucune case Il s’efface, il s’écrase Il ne croit à personne Les mauvais coups, il les collectionne Il a oublié la gaité et la légèreté Il est souvent contrarié Il se culpabilise Et les autres l’utilisent Il a perdu l’espoir Il est devenu la bête noire Il pense à quitter ce monde Si laid, si immonde Mais souvent, il change d’avis Il se reprend en main et réagit Il a compris qu’il n’est pas seul Au long de la traversée de son deuil Il a encore ses plus chers amis Et cela le suffit!
Elle oublie les clés de la maison, de faire les courses, de préparer à manger et même d’aller chercher les enfants à l’école. Les pauvres! Son mari lui dit souvent: – Un jour, tu perdras ta tête, c’est sur! Elle s’endort debout, elle rêve éveillée, elle écrit des lettres d’amour que personne ne lit. Elle pense à sa jeunesse, l’insouciance de ne pas craindre le lendemain. Elle l’aime, mais n’ose pas lui dire. Elle veut s’enfuir à l’autre bout du monde, mais n’a pas le courage de faire sa valise. Elle ne vit plus, elle survit, à peine. Elle est épuisée. Elle vit entre deux mondes, mais elle n’appartient à aucun. Elle joue le rôle de l’épouse parfaite, la mère bienveillante, l’amie complice, la fille modèle. Elle oublie ses désirs et se laisse aller. Elle s’efface, se fait petite et transparente. Et puis un jour… Elle prend le large, en laissant tomber ce sentiment de culpabilité qui l’a accompagné depuis tant d’années. Les enfants ont grandi et ont quitté le foyer. Son mari est devenu vieux et aigris. Finalement, elle s’autorise le goût du bonheur, sans peur de perdre la tête!
Elle n’arrivait pas à se débarrasser du nuage gris qui dansait au-dessus de sa tête. Invisible, nocif, puissant. Elle s’amusait à chercher des failles chez les autres pour oublier ses propres blessures, si profondes.
Il avait le soleil dans son cœur et les personnes autour de lui se nourrissaient de la lumière qu’il émanait. Sa démarche était si légère comme une caresse en été.
Un jour, il quitta ce monde sans faire de bruit. Épuisé, transparent et vidé de l’énergie qui a, longtemps, réconforté les âmes égarées.
Elle rentra dans une spirale auto destructrice pour se punir. Elle l’aimait, mais n’a jamais osé lui dire et encore moins le démontrer.
Le manque d’affection, les mots qui blessent, les gestes brusques l’auraient-ils le tuer? Elle en est presque sûre et pourtant, n’arrive toujours pas à se débarrasser de ce maudit nuage gris qui danse constamment au-dessus de sa tête.
Elle est née sous une bonne étoile Mais sa vie a emprunté un autre chemin Résignée, elle a accepté son nouveau destin Le bonheur ne lui ressemble pas Elle préfère être seule, dans son coin Depuis longtemps elle y songe À ce voyage à sens unique Elle a déjà tout réfléchi Ou presque Elle a oublié la culpabilité qui la ronge Une vidéo pour la famille Et une lettre pour sa meilleure amie Ah, sa meilleure amie! Une sœur, une complice, une confidente Si différente, et pourtant… La seule capable de la maintenir ici Malgré sa mince résistance, il est trop tard Même si parfois elle y pense encore Et si?! Hélas, la douleur revient Plus forte, plus coriace, plus intrusive Cette douleur qui la mange vive Son corps souffre en permanence Et son esprit prend son mal en patience Elle est résolue dans sa tête Demain, sera le dernier jour de fête Après, on pourra l’apercevoir Parmi les étoiles et la poussière En train de chanter et de danser L’hymne de la liberté.